Sous l’occupation romaine, Piégut était désigné sous le nom de « Podium Accutum », « Podium » désigne un lieu élevé et « Accutum » signifie en français aigu. Puis ce nom est devenu « Pic-Aigu », « Puy-Aigu » et enfin Piégut vers la fin du XVIIe siècle.
Sur une motte naturelle très abrupte composée de blocs de granit, fut construit tout d’abord une tour de guet en bois (vers le IXe siècle), puis un château fort avec sept tours et donjon, héritier possible de quelque oppidum (place forte gallo-romaine).
Dès le IVe siècle, le Limousin comme le Périgord sont érigés en Comtés. La châtellenie de Nontron appartient au Limousin. Nontron étend alors son influence sur vingt-deux châtellenies comprenant soixante-douze paroisses. Dans les années qui suivent, les vicomtes de Limoges auront à défendre leurs terres à plusieurs occasions contre les Normands. C’est ainsi qu’ils érigent des tours de guet en bois, véritables postes d’observation, sur les mottes qui jalonnent leurs possessions. Il est vraisemblable que le château de Piégut, au même titre que ceux de Champniers ou de Châlus trouve ses origines dans ces constructions primitives.
PLAN
Situé au croisement de plusieurs provinces, le château est très tôt confronté aux vicissitudes de l’histoire. Mais c’est en 1199 que Piégut entre véritablement dans l’histoire, année où il fut assiégé par les troupes de Richard Coeur de Lion qui, après son retour de croisade avait entrepris une expédition en Nontronnais pour châtier son vassal infidèle, le vicomte de Limoges Adémar V, lequel durant son absence avait pactisé avec le roi de France. Mais Richard ayant reçu la flèche qui lui fut fatale non loin de là, devant Châlus, les Anglais se hâtèrent de déguerpir et le siège fut levé, épargnant ainsi au donjon de Piégut une probable destruction.
Resté aux successeurs d’Adémar après cet épisode, le château échut en 1421 à Thibaud de La Goublaye puis, par alliance, à la maison de Colonges. C’est vraisemblablement à cette époque que Piégut cessa d’être une forteresse et qu’au donjon primitif fut ajouté un troisième étage avec ses mâchicoulis, en même temps que les nouveaux seigneurs construisaient tout autour des murailles protectrices et des pièces à usage d’habitation. On a peut de renseignements sur ces constructions qui durent s’échelonner jusqu’au XVIe siècle : elles comportaient sept demi-tours jalonnant une vaste enceinte, et au milieu, à l’Est du donjon et tout près de lui, une tour circulaire maintenant à peu près totalement détruite.
Le dernier des Colonges, Charles-Hélie, fit don de ses biens en 1610 à sa mère, Charlotte de Fumel, laquelle remariée en 1629 avec Jean-Hélie de Pompadour, apporta à cette famille la terre de Piégut. Il semble que dès lors le château ne fut plus habité par ses maîtres : il passa en 1708 aux Danjeau de Courcillon, en 1735 aux Du Lau d’Allemans qui en achetèrent les « masures », en 1769 aux La Ramière et ensuite aux de Wismes puis aux de Malet. Les constructions du XVe siècle, sans doute peu confortables, se dégradèrent peu à peu au cours des âges, laissant de nouveau émerger l’antique donjon de granit, beaucoup plus résistant. Enfin, le marquis de Malet devait faire don de la tour à la commune de Piégut-Pluviers le 21 juillet 1956.
La Tour de Piégut est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis le 3 octobre 1946.